Un chien de chasse à travers les âges
Une lignée royale : descendant d’une race de chien de chasse du Moyen Âge, l’épagneul breton est un chien vif qui utilise son flair en permanence. Certains jours, sa truffe semble indécollable du sol.
Dès le XVe siècle, les épagneuls étaient déjà très présents dans les cours royales françaises et britanniques. Durant la Renaissance, les nobles de ces deux royaumes réalisèrent des croisements afin de réduire leur taille. Les races des épagneuls papillons et des cavaliers king-charles datent de cette période.
L’apparition des premières armes à feu dans la chasse modifie profondément les techniques antérieures. L’épagneul n’a plus besoin de se coucher pour retenir sa proie. Mais il doit apprendre à rester parfaitement immobile afin de ne pas déranger son maître. C’est à partir de cette date que l’on parle des « chiens d’arrêt« .
Un chien populaire : après 1789 et l’abolition des privilèges de la noblesse, la chasse se démocratise. L’épagneul connaît un développement considérable et notamment l’épagneul français, réputé pour être plus robuste et avoir un flair remarquable.
La morphologie de l’épagneul breton va d’abord se modeler dans un petit espace qui va de Huelgoat à Guingamp et dont le centre est le village de Callac. La race primitive est celle d’un chien qui mesure une cinquantaine de centimètres de hauteur, dont la queue est courte et qui a une robe blanche et marron. Puis peu à peu, la race se diffuse dans toute la Bretagne et de nombreuses variétés apparaissent.
Quelques races fondamentales
Parmi toutes ces variétés, on peut retenir les choupilles. Le relief très accidenté et le climat rigoureux du Finistère ont façonné des petits chiens, robustes, courageux et têtus qui excellaient à la chasse. La plus grande concentration de choupilles était située au centre de la Bretagne.
Cette partie de la Bretagne était connue pour ses rivières très poissonneuses et ses bois où le gibier était abondant. À partir de 1830, des lords anglais prennent l’habitude de traverser la manche pour venir pêcher et chasser. Ils étaient accompagnés par leurs chiens, des pointers, des setters ou des springers. Toutefois, pour leur éviter les désagréments du voyage, il était habituel que les lords laissent leurs chiens en pension à des fermiers.
Malgré toute l’attention portée aux animaux, des croisements entre les nobles races britanniques et les petits chiens de terroir se produisirent. Or les descendants se distinguèrent très vite par la finesse de leur flair et la qualité de leur arrêt. Ce croisement est alors le plus proche de ce que définira le premier standard de l’épagneul breton en 1907.
Le début du succès
La chasse devient un loisir de plus en plus populaire et grâce à ses qualités incomparables, l’épagneul breton devient le chien le plus prisé des chasseurs. Sa population connaît un essor considérable durant l’entre-deux- guerres et en 1928, le Club de l’Épagneul Breton créé par Louis Trottet ouvre son antenne parisienne.
L’épagneul breton remporte de nombreux field-trail (concours de chiens d’arrêt) et afin de satisfaire une demande grandissante des particuliers, des éleveurs peu scrupuleux vendent des chiens de piètre qualité. À l’inverse, les éleveurs de Callac continuent à produire des animaux en parfaite santé et dans le respect des standards définis. Cette politique va payer à terme.
En 1956, Gaston Pouchain devient le nouveau président du Club de l’Épagneul Breton. C’est sous sa direction qu’un nouveau standard qui reconnaît le blanc et noir est adopté. Lors des expositions, deux catégories se côtoient, celle des chiens blanc et orange et celle où sont toutes les autres couleurs. Un demi-siècle plus tard, les États- Unis et le Canada refusent toujours d’accepter cette caractéristique.
En 1988, quand Henri-Xavier Guélou est nommé à la présidence, le club compte près de 2 000 adhérents. Sa présidence est marquée par sa volonté d’harmoniser les jugements.
Amoureux des grands espaces, l’épagneul breton est très heureux dans une famille qui part souvent en randonnée. Il adore jouer, et surtout avec les enfants ; c’est une occupation qu’il peut réaliser jusqu’à l’épuisement. Ce fidèle chien de compagnie aime aussi s’assoupir durant des heures sur son coussin et près d’une cheminée. Doté d’une forte personnalité, il faut l’éduquer dès son plus jeune âge.